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Amiante : un polluant cible des diagnostiqueurs au cœur d’une étude scientifique majeure - 31/01/2024

L’amiante, polluant cancérogène recherché par le diagnostic amiante avant-vente ou les repérages préalables à la réalisation de travaux dans certains immeubles bâtis pouvant en contenir, interroge toujours les scientifiques au regard de sa toxicité. Dans une étude récente publiée le 3 janvier 2024 dans la revue Nature Nanotechnology et commentée au sein d’un article paru le lendemain sur le site du CNRS, une équipe franco-chinoise de chercheurs a fait une découverte qui semble apporter un nouvel éclairage sur l’origine des maladies liées à l’inhalation d’amiante et plus globalement sur le potentiel pathologique des nanomatériaux fibreux inertes. Voici les grandes lignes de cette étude et de ses résultats.

Pathologies amiante : une étude scientifique apporte une nouvelle explication sur leur origine

Selon les résultats récents d’une étude scientifique menée par une équipe franco-chinoise, dont un membre du CNRS, la composition chimique de l’amiante n’interviendrait pas dans le déclenchement des maladies causées par l’inhalation à ce polluant cancérogène. En effet, les chercheurs ont découvert, au travers d’une investigation axée sur des nanofibres de verre, analogues à celle d’amiante, que les pathologies seraient provoquées par une « digestion » partielle des nanofibres inertes par les macrophages, cellules immunitaires situées sur le tissu des alvéoles pulmonaires et chargées d’éliminer par phagocytose toute particule toxique. Cette assimilation défaillante, qui serait due aux caractéristiques des nanofibres inertes en termes de géométrie et de dimension, et notamment lorsque celles-ci atteignent 15 microns, soit 0,015 mm, entraînerait une fuite de sécrétions nocives qui endommageraient la paroi alvéolaire.

Après avoir achevé leur première expérimentation in vitro à l’aide de nanocapteurs électrochimiques, les chercheurs ont expérimenté le même processus in vivo. Ainsi, ils ont exposé des rats à une inhalation constante et non protégée de nanomatériaux fibreux inertes. Le résultat de ce second test a confirmé celui du premier. Les rongeurs ont contracté des lésions pulmonaires répétées pouvant mener à terme à la formation de fibroses.

Amiante, verre, etc. : des nanomatériaux fibreux inertes au potentiel pathologique certain

Cette découverte remettrait en cause l’origine des maladies dues à l’inhalation d’amiante, en mettant à l’écart une explication chimique de ces pathologies. Elle soulèverait aussi une nouvelle problématique concernant plus globalement tous les nanomatériaux fibreux inertes, dont ceux utilisés dans le secteur du bâtiment, au travers par exemple des feutres de verre destinés à l’isolation thermique, ainsi que dans d’autres domaines. Les résultats de ces recherches pourraient aboutir à des évolutions majeures concernant la réglementation relative à l’évaluation et à la manipulation de tous les nanomatériaux fibreux inertes, quelle que soit leur nature, des nanofibres dont l’inhalation semble comporter de toute évidence un risque sanitaire majeur.


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